Alfredo Vilchis-Roque
Alfredo Vilchis-Roque
Mexico
Né en 1959
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En 2008, la galerie_frédéric moisan fait la découverte des ex-voto d’Alfredo Vilchis par le biais de la Maison des cultures du Monde, qui mène depuis 29 ans un vaste travail d’investigation en faveur des cultures étrangères. Dès lors, en mars 2009, une grande exposition est consacrée à l’oeuvre d’Alfredo Vilchis à la galerie. Forte du succès rencontré, la galerie_frédéric moisan a présenté une nouvelle exposition du peintre de retables fin 2011. L’événement a réuni plus de 130 ex-voto et fut mené conjointement à l’exposition « Le musée-monde » au Louvre. Alfredo Vilchis est aujourd’hui le représentant le plus talentueux d’une tradition très ancienne, celle des peintres d’ex-votos ou peintre de miracles (« milagros ») comme on dénomme ces petites peintures sur métal déposées par centaines dans les églises mexicaines, collectionnées par Frida Khalo et Diego Rivera. Ces artistes du peuple, souvent autodidactes, réalisent sur commande des oeuvres pour remercier vierges et saints d’un sauvetage miraculeux, d’une guérison inespérée, d’une blessure cicatrisée. Chaque petite peinture, composée d’une image et d’un texte, exprime toute la reconnaissance des humains frappés par des tragédies et sauvés in-extremis par l’intervention de la vierge de la Guadalupe ou d’autres innombrables saints protecteurs. Autrefois la famine, la guerre et la maladie, aujourd’hui la drogue, la prostitution, les enlèvements, le terrorisme, tous les grands et petits malheurs des Mexicains sont délicatement et minutieusement répertoriés. Alfredo Vilchis est ainsi à la fois un confident pour ses commanditaires mais aussi un témoin de son temps quand il fixe avec une habileté sans pareil ces petites scènes où la divinité intervient dans le quotidien. Aux marges de l’art sacré et aux marges de l’art contemporain, le « retablero » incarne pour moi toute la beauté et l’émotion de l’art modeste. J’ai rencontré Alfredo Vilchis en 2000 au marché aux puces de Mexico où il vendait encore ses oeuvres accompagné de ses fils et je suis très fier d’avoir, avec le photographe Pierre Schwartz, simplement contribué à sa notoriété internationale avec le livre « La rue des Miracles » publié en 2003 par les éditions du Seuil. Alfredo Vilchis a su vaincre l’anonymat des « retableros » (peintres de retables) grâce à son ingéniosité et sa personnalité hors du commun. Je me souviens de ses mots : « c'est un travail très beau mais très douloureux. Il faut le faire avec respect, ce n'est pas seulement pour l'argent, nous sommes des messagers des sentiments des gens”. Ses présentations à la galerie Frédéric Moisan (en 2008, 2011, 2013) et au Louvre (en 2011) par Jean-Marie Le Clézio (Prix Nobel de littérature 2008) sont une reconnaissance bienvenue pour tous les peintres inconnus qui continuent à tisser ce lien délicat entre le ciel et la terre. Hervé Di Rosa LES EX-VOTO Vous étiez au bord de la catastrophe à cause d'un mari jaloux et violent, des abus de l'alcool et de la drogue, vous étiez près de la mort après l'effondrement d'un échafaudage, un accident de train, une morsure de serpent ou un tremblement de terre, tous les moyens naturels étaient épuisés quand vous avez eu recours à la divinité, qui vous a accordé de recouvrer la santé ou l'amour. La situation était vraiment angoissante et le soulagement d'autant plus grand, d'où l'intensité de la promesse que vous avez faite alors à votre bienfaiteur de le remercier par un ex-voto. Alfredo Vilchis est tout à la fois un peintre de miracles, un intercesseur autodidacte, un écrivain public de nos malheurs et de nos espoirs, un chroniqueur de prodiges, un travailleur sur commande de la foi et un artiste contemporain utilisant la tradition, comme peuvent le faire certains peintres africains. Il racontera votre petite histoire en fin heureuse, et ce faisant il racontera l'histoire du quartier, du District fédéral, du Mexique et du monde au début du xxie siècle. Plus de la moitié des ex-voto d'AIfredo Vilchis sont dédiés à la Vierge de Guadalupe, la patronne du Mexique. Apparue à quatre reprises sur la colline du Tepeyac au berger Juan Diego en 1531, la Vierge ordonna la construction d'une église à sa gloire sur ce lieu où existait auparavant un temple dédié à la déesse aztèque Tonantzin. En peignant, Vilchis fixe la présence divine dans son intervention concrète, il fige l'instant où les deux univers, le Ciel et la Terre sont unifiés, où le merveilleux fait intrusion dans le quotidien. Une intimité se crée entre la divinité et le miraculé : dans la détresse celui-ci l'appelle et l'image se penche sur son cas, ouvre ses bras, descend de son nuage pour accomplir le miracle. Parfois, très rarement, le texte fait mention de l'artiste et le remercie « d'avoir peint tel que cela lui a été raconté ».
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