Les petits traits sont une pratique de dessin à quatre mains que nous menons depuis 2010. Le principe s’apparente à celui des cadavres exquis, l’un et l’autre se passant le dessin jusqu’à ce qu’il soit décrété achevé d’un commun accord. Ce fut longtemps un travail au feutre, en noir et blanc. Depuis 2018, nous essayons de voir les possibilités de la couleur, au pinceau et à la gouache sur papier noir. Cette pratique est née d’une envie d’explorer la nuit. Les petits traits en sont devenus le véhicule. La première caractéristique de ce véhicule est sa lenteur. Il s’agit de la répétition opiniâtre, parfois fastidieuse, du même geste simple (faire un trait). Étonnamment, cette répétition, et la concentration presque hypnotique qu’elle induit, engendre l’imprévu. La deuxième caractéristique de cette pratique est d’être menée à quatre mains. Le dialogue est source d’harmonies, de dissonances, d’accidents et de surprises qui apparaissent sur la feuille, se transforment, se résolvent – ou pas. Ainsi, poser un trait après l’autre est une façon d’avancer à tâtons, sans (sa)voir où l’on va, sans itinéraire préconçu. C’est aussi un rapport à l’autre, constitutif du processus de création. À regarder, un court reportage de Laurent Mabed : http://lespetitstraits.xurubila.fr/au-fil-du-temps/presse/