Isabelle Cellier est toujours entourée de fils. Née en 1967 à Amiens, son père travaillait dans le textile en tant qu’ingénieur. Elle a suivi des études en Arts Plastiques à Lille et à Paris, des années pendant lesquelles elle n’a pas pu suivre la voie du textile mais la peinture. Au fur et à mesure du temps, et surtout après avoir fini ses études, ISE s’est à nouveau rapprochée du textile avec lequel elle a appris à composer en autodidacte. Elle a développé sa propre pratique qui consistait à mélanger la gravure et la couture. Dans les années 1990, elle a réussi à récupérer un stock important de tissus imprimés grâce auxquels elle a pu transformer son travail, créant au fur et à mesure un monde onirique particulier dans lequel le rêve y prend une grande place. En plus du textile, ISE a beaucoup travaillé avec le fusain, l’encre, la gravure et le dessin. Avec leurs broderies et perlages en tout genre, les travaux de l’artiste ISE créent une impression de déjà-vu, d’un autre temps ou d’une autre époque, qui racontent des histoires muettes, avec une omniprésence quasi trompeuse des visages et des portraits. Symbole archaïque, le totem est une allégorie qu’elle aime retranscrire dans ses coutures, comme Le double ombilic (2015), faisant ressurgir un côté théâtral à ses figures qui peuvent parfois former une parade, ancrée ou volante, quand on les assemble. Inspirée de l’art copte, nous pouvons observer dans les œuvres d’ISE une riche représentation des imageries chrétiennes du Moyen-Orient, mais également une touche de cirque qu’elle puise dans l'œuvre La Strada de Fellini qui l’a bouleversée étant jeune. L’artiste a été profondément marquée par les travaux de Kiki Smith, Odilon Redon, Line Vautrin, sans que l’on puisse forcément voir une copie dans les siens. Le processus créatif s’ouvre chez ISE suite à la lecture d’un livre ou d’un poème qui l’emmène dans un monde qu’elle utilise comme clé. De nouveaux thèmes émergent et laissent place à des créatures oniriques assemblées avec de la laine, du velours, des perles, des galons, des étoffes et des dizaines d’autres pièces, dans un mouvement rapide et irréfragable, sans hésitation. Vernissage le Jeudi 2 mars 2023 à la Galerie Frédéric Moisan, 46 rue Croix des Petits Champs, 75001 Paris.